Va-t-on vers un choc des civilisations ?

Pour Bernard Kouchner, en hommage amical

    Le monde occidental, à la fois dominant et en déclin, est aujourd’hui confronté au monde musulman, dominé, d’où la rébellion de certains de ses coreligionnaires, est en expansion. Les choses ont changé, depuis que les Arabes d’Espagne faisaient le meilleur accueil aux chrétiens et aux juifs, ou même quand Saladin conquérant Jérusalem marquait plus de mansuétude envers les chrétiens que les chrétiens envers les Sarrasins quand ils avaient conquis Jérusalem. 

Imaginons que des radicaux musulmans entreprennent d’étudier le fondamentalisme chrétien, en se penchant, par exemple, sur ces protestants américains, plus fanatiques qu’un ayatollah, qui cherchent à expurger l’école de toute référence à Darwin. Ils verront peut-être d’un oeil plus critique l’idée de guerre sainte que pour l’heure ils cultivent.

Samuel Huntington avait publié en 1997 un ouvrage qui avait fait couler beaucoup d’encre. Le Choc des civilisations était paru en Français chez Odile Jacob. Considérant que la guerre froide avait été nourrie des idéologies opposées telles que le communisme et le libéralisme, le nazisme et le fascisme contre l’alliance des démocraties, Huntington fait correspondre la fin de cette guerre avec la chute du mur de Berlin et l’effondrement du communisme, en continent Européen particulièrement. À l’affrontement des idéologies a succédé, selon Huntington, celui des civilisations.   

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Sacré et profane s’opposent-ils ?

Pour mes amis du GIP 11 que la question turlupine

   La désacralisation du monde moderne servirait-elle le sacré de la foi, ou bien faut-il, comme cela a été suggéré jadis, contrarier la sécularisation en marche et recréer des zones de sacré afin que la foi de l’homme moderne y trouve de quoi s’abriter, voire y prendre racine  ? 

La sécularisation et la laïcisation ont été saluées par de grands théologiens catholiques ainsi que des philosophes protestants, en ce que l’histoire nous entraîne à sortir du complexe mental et institutionnel de la chrétienté qui imprègne les croyants chrétiens occidentaux depuis l’ère constantinienne et le césaropapisme. C’est cette libération vers une nouvelle chrétienté que visait le concile Vatican II. Il s’agit de donner un témoignage plus pur de l’Évangile, dans le respect des autonomies propres au monde. Ainsi le croyant est-il invité à prendre appui sur sa conscience propre, pour exercer sa liberté, s’émanciper par rapport à ses institutions quand celles-ci lui confèrent un rôle de tuteur d’une civilisation. Le croyant est avant tout missionnaire de ses textes fondateurs, même si l’on reconnaît que la foi ne peut vraiment être enracinée dans un pays que lorsqu’elle a pénétré la civilisation qui, en conséquence, se verra estampillée d’un qualificatif religieux.

Certains théologiens catholiques ont voulu en leur temps, restaurer la chrétienté. D’autres saluaient avec joie le processus de désacralisation du monde, tandis que d’autres encore voulaient le resacraliser. 

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La désacralisation : une chance ?

La 500e est naturellement dédicacée à celui qui a été l'initiateur de ce site, Philippe Weickmann, à qui j'adresse mon amicale gratitude

   Pour autant que la désacralisation coïncide avec une démystification radicale des illusions et des idolâtries de la conscience religieuse, on peut admettre que, par effet secondaire, la désacralisation aura préservé le sacré authentiquement religieux où s’enracine la foi. 

L’homme moderne croit désormais maîtriser les critères de ce qu’il appelle la modernité. En même temps que l’on observe un déclin de la religion en Occident, s’est affermie l’autonomie de l’homme, la prise en charge de son existence.

Avec le recul du sacré conjugué aux mouvements de notre histoire moderne, on assiste à une conquête nouvelle de la rationalité. Tout devient “manipulable”, et ne doit plus recéler aucun mystère. Tout ce qui advient, la finitude, la naissance, la douleur, la maladie, le vieillissement, la mort, tout doit être contrôlable. Plutôt que de subir la réalité nous parvenons à la maîtriser pour la soumettre. La raison est passée de la soumission au réel à la responsabilité de son histoire. Nous prenons les choses en main !

 On comprend alors que la question du pourquoi, reléguée par la question du comment spécifique de l’intelligence scientifique, la question du sens redevienne plus délicate. C’est à l’homme qui a conquis son autonomie et qui a démystifié un certain nombre d’aliénations religieuses qu’il s’agit d’annoncer Dieu. 

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