À mes enfants, que j’embrasse
La menace de la guerre totale que déclare Poutine aux démocraties doit nous inviter à examiner la justification du réalisme tant invoquée, et qui rappelle la dénonciation par Raymond Aron des « pseudo-réalistes » qui convoquaient le réalisme pour justifier la crainte des crimes de masse. Le vrai réalisme ne consiste-t-il pas à considérer avec justesse les menaces, la perpétuation de crimes, la violence, la violation systématique du droit international ? Il y a chez le mage du Kremlin un projet de destruction de la Charte des Nations Unies (1) mis en place après Nuremberg.
Nous avons lâchement abandonné les Kurdes Turcs, fermé les yeux sur les massacres en Syrie. Même le Conseil de sécurité, plus pétochard que jamais, a demandé à Poutine de faire pression sur Assad « pour qu'il soit moins violent ». Lequel a tout simplement reçu licence de tuer.
Pour le néo-impérialisme un boulevard s’ouvre. Le crime pour le crime est l’essence même du mal. Des trublions politiques extrémistes sont aveugles devant l'horizon du mal. Sur cette question s’ouvre une porte d'entrée fondatrice pour l'analyse géopolitique, alors que les aboiements de nos franchouillards parlementaires ne pensent qu’à la nation en là réduisant à son histoire passée, à sa géographie, à ses propres chamailleries.
Quant aux Russes ils sont pris dans les rets du régime. Le peuple est privé de la liberté qu’il ne recouvrira que lorsque chaque conscience aura retrouvé son autonomie, intuitive ou réflexive, qu’il aura perçu et intériorisé le crime, et saisi à la fois sa vulnérabilité et sa part de responsabilité.
Quant à nous, nous restons au milieu du gué, n’ayant pas intériorisé l’intention d’une guerre totale qui s’annonce, sournoisement, sans doute, hélas irréversible.