Au fondement de la morale, qu’est-ce que la valeur ?

Pour Gilles Brault-Scaillet, Ghaleb Bencheikh, J.P. Chartier, Bertrand Jacquier, Gérard Lévy, Joseph Pommier, Michel Ducourt, Samir Hamamah, Bruno Launay, avec ma chaleureuse estime

   La valeur est d’abord vénale. On la rapporte d’abord à un prix, et c’est ce qu’on appelle la valeur d’échange. Elle a trait aussi à l’effort consenti pour atteindre un but, ou bien encore à l’admiration vouée à une personne, à l’adhésion à une cause, à une conviction. De ceci découle que ce qui a trait à la valeur comprend une part d’estimation, un jugement à émettre.

La valeur est en effet indissociable d’une évaluation hiérarchisée du bien à atteindre. Les stoïciens distinguaient les plaisirs naturels et nécessaires des plaisirs non nécessaires. Le réel ne recèle rien d’autre que le plaisir qu’on y trouve : manger à sa faim, boire à sa soif, dormir à sa fatigue, voilà qui est sage. “Le pain d’orge et l’eau, disait Épicure, nous causent un plaisir extrême si le besoin de les prendre se fait vivement sentir”. La distinction repose fondamentalement sur la raison, qui manifeste la capacité au discernement entre le bien et le meilleur, le préféré et le préférable, et meut l’engagement qui vaut la peine.

On a coutume d’entendre parler de “valeurs personnelles”, en référence à des croyances fondamentales, à des traditions qui s’imposent à soi et devant être sauvegardées, ou à des engagements spirituels. On y a souscrit par atavisme et fini par y adhérer par conviction. Les psychanalystes qualifient cela de l’ “idéal du moi”, instance qui résume l’ensemble des héritages culturels — “la voix de nos grand-mères !”— où la psyché puise des énergies.

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