Pour le Frère Charles, en hommage amical
Le mot image (tselem en hébreu) véhicule le mot ombre (tsel).
Le premier Adam que nous présente le Livre de la Genèse est masculin et féminin, à l’image d’Elohim, le Créateur. Porter cette image en soi-même c’est porter une responsabilité qui va au-delà de soi-même, qu’on oublie, ou qu’on néglige.
Au chapitre 2, de tradition Yahviste, le récit de la création d’Adam occulte l’Adam masculin et féminin, pour subordonner le féminin au masculin, tandis que l’image d’Elohim transmise au masculin et au féminin ensemble, ne sera reprise dans les épisodes suivants qu’en présentant Dieu au masculin.
Cette image d’un Dieu masculin a été transmise à Seth, le troisième enfant d’Adam et Ève, le remplaçant d’Abel tué par son frère Caïn. Seth c’est l’humain tel que nous le connaissons, héritier d’une histoire marquée par la violence et qui a mission de la réparer.
Les onze premiers chapitres de la Genèse , à l’instar des textes mystiques sur les «commencements» ou les « principes » (bereshit), nous renvoient aux interrogations sur nous mêmes.
Tandis qu’à partir du chapitre 12 qui porte sur la vocation d’Abraham, la tradition juive considère que c’est le monde de la réparation qui est amorcé. L’image de Dieu en l’humain ne lui a jamais été reprise, mais elle a tout simplement été peu à peu oubliée, puis abîmée, défigurée. Dès lors l’image de Dieu convient à l’homme qui l’a voulu tout-puissant, capable de dévastation, père fouettard, dieu-outil, talisman, fétiche, papa-poule…