Liberté de penser

pour Jean-Pierre et Dany Achard,, en hommage amical

   Le philosophe doit se méfier des besoins de croyance, surtout quand il se tient pour émancipé de toute adhésion religieuse, pour savoir de quoi il retourne de l’histoire, du monde, de l’homme… Il convient de ne pas trop croire ou de croire trop vite que l’accès à la vérité est au bout du tapis rouge.

Le philosophe ne cherche pas la croyance. Comment le ferait-il sans tomber dans l’illusion ? Du moins doit-il garder une saine distance à l’égard de ses présupposés,  qu’il a d’abord à remettre en question, démarche qui vaut pour toute recherche philosophique, scientifique, ou historique. Personne ne peut prétendre ne pas avoir de présupposé ; tout le problème est de savoir le rapport qu’on entretient avec eux.

Si le philosophe doit se méfier de la croyance entendue comme volonté de vérité à tout prix, il admet cependant qu’il est difficile à tout homme de se passer de croyance, au titre d’hypothèse de recherche et de présupposé d’une démarche de pensée. En revanche rien ne s’oppose à ce qu’il pose une adhésion de foi religieuse à une parole d’alliance, surtout s’il ne renonce pas à une adhésion sensée, réfléchie, fondée, comme le lui demande en toute rigueur la foi chrétienne. Puisqu’il s’agit d’une adhésion libre, donc éminemment personnelle, une telle adhésion a sa spécificité. Elle n’est pas de l’ordre de l’adhésion à une conclusion nécessaire ; elle n’est pas de l’ordre de la déduction logique ; elle requiert pourtant la mobilisation de soi pour répondre de tout son être à une parole dont on a discerné qu’elle est parole de Dieu. En ce sens un philosophe peut croire, sans faire passer sa foi pour une conclusion nécessaire, en sorte que celui qui n’adhérerait pas serait à ses yeux un insensé.

Continuer à lire

Pages