Pour Alain Bertin, en hommage amical

   Prophète ? Philosophe ? Sage ? Il est difficile de situer Zarathustra (Zoroastre) dans le temps et dans l’espace. Il serait né en Iran, ou bien dans le Kwarezm, en Ouzbekistan. On le situe entre le VIIe et VIe siècles avant Jésus-Christ, ou bien entre le XVe et le XIe siècles BC. A-t-il jamais existé ? Qu’en aurait dit Nietzsche qui l’inclut dans le titre d’un de ses ouvrages essentiels ? Fondateur et réformiste du Mazdéisme, Zarathustra s’entourait de disciples qu'il appelait les « sachants ». Il reste qu’avec Zarathustra, les Mazdéens évoluent vers le monothéisme. 

L’Avesta, compilation de textes divers du XVe s. BC, est le livre de référence du zoroastrisme. L’Avesta rassemble l’ensemble des textes sacrés dont les Gathas : cinq hymnes, attribués à Zoroastre qui constituent le cœur de la liturgie zoroastrienne. Le but du zoroastrisme est de répandre au monde entier les 3 principes sur lesquels il se fonde : bien penser, bien parler, bien agir. 

Le principe cosmo-spirituel du zoroastrisme se fonde sur le couple [monde intelligible - monde sensible], qui génère un monde imaginaire, lequel réunit et conduit à l’imaginaire monde mystique. Les symboles religieux du zoroastrisme sont le vêtement blanc, la fleur blanche, symboles de pureté. Autre symbole : le cordon, pour rappeler le lien interne et externe de la communauté. Le Zoroastrien s’engage à servir le peuple et est attaché à un créateur unique. 

Au temple zoroastrien de Yazd (Iran), brûle un feu sans interruption depuis l’époque sassanide. Le feu est l’ensemble symbolique d’Ahura Mazda. Dans la salle des photos du musée qui lui est consacré à Yazd, adjacent au temple Ateshkade, Zarathustra est reproduit, et déclaré mort assassiné en 1767 BC. Son lieu de sépulture reste inconnu. 

Les Zoroastriens sont tolérants avec les gens du Livre. Ils commémorent chaque année leur culture, et œuvrent à sa conservation. Le vœu de tout Zoroastrien est de transmettre, commémorer, maintenir sa culture. Les Zoroastriens se marient entre eux. Un musulman, pour sa part, ne peut pas épouser une Zoroastrienne. Ils ne font pas de prosélytisme. Difficile de s’agrandir. Ainsi le zoroastrisme scie la branche sur laquelle il est assis. Son essence même est inconsistante. D'autant que les zoroastriens sont relativistes. 

À Yazd les zoroastriens forment une importante communauté, soudée autour de ses fêtes. Leurs prêtres sont vêtus de blanc. Il y a encore cinquante ans, les zoroastriens abandonnaient le corps des défunts aux vautours, au sommet des tours du silence, jusqu’à ce que le chah Mohamed Reza interdise cette pratique pour des raisons d’hygiène. Aujourd’hui, ils sont enterrés dans une fosse dont les parois sont cimentées. Les visiteurs sont accueillis par leur hôte qui leur verse quelques gouttes d’eau de rose dans les mains, en signe de bienvenue. Dans la cuisine, un petit autel avec des images pieuses représentent Zoroastre (Zarathustra), devant des fruits secs, de l’ail, une coupelle d’eau et sous une lueur qui ne doit jamais s’éteindre. Comme au temple. 

Les Zoroastriens ont participé au creusement des puits et à l’installation des réseaux d’irrigation, les qanat, creusés pendant l’empire mésopotamien. Leur profondeur atteint 100 m, leur longueur peut atteindre 100 kilomètres. Tous les enfants ont été éduqués dans des écoles zoroastriennes et ont épousé des membres de la communauté. Les Zoroastriens se rendent en pèlerinage sur le mont Damavand, volcan semi-actif de la chaîne de l’Elbourz, au nord-est de Téhéran, qui culmine à 5 610 mètres, et qui est sacré dans la mythologie zoroastrienne. En l’année 3751 du calendrier zoroastrien, ces gens sont allés en pèlerinage à Tchak Tchak, lieu de promenade pour tous les Iraniens, où l’eau coule en « goutte à goutte » (Tchak Tchak, en persan) de la montagne. 

Gérard Leroy, le 14 février 2020