Pour Jean-Pierre Achard, en hommage amical

   Deux grandes thèses s’affrontent à propos de la Révolution française.

La première présente l’événement de 1789 comme ayant fait fait passer la France d'un régime aristocratique à un régime républicain, en installant l'opposition entre ces deux régimes comme constitutive de nos débats politiques.   Pour la gauche et LFI en particulier, 1789 a constitué une rupture dans notre histoire.

Ce regard n’est pas celui du légitimiste Tocqueville dont le voyage en Amérique l’a convaincu du bien-fondé d’un système visant l’égalité des citoyens. La démocratie, pensait-il est un état social égalitaire. L’égalité « permet à chaque citoyen de concevoir de vastes espérances ».

Il note toutefois que l'aristocratie avait commencé à dépérir bien avant 1789, sous l'effet du processus séculaire et non limité à la France, d’égalisation des conditions de vie. La Révolution, dans ce contexte, ne constitue-t-elle pas un engrenage politique contingent bien plus qu'une révolution sociale.

Au niveau de ses conséquences il faut avouer que la Révolution a même accentué la centralisation administrative, une tradition héritée de l'absolutisme instauré par Louis XIV et son contrôleur général des finances Colbert.

Si, pour la gauche française, la Révolution est à l'origine de la marche vers l’égalité, pour Tocqueville c'est l’égalité qui, dans le contexte institutionnel français, a mené une révolution. L’auteur de L'ancien régime et la révolution, paru en 1856, est rejoint en cela par Raymond Aron.

En conclusion retenons que l’ascension sociale que vise naturellement tout citoyen a besoin non pas de révoltes, de violences, de guerres, mais de croissance économique d’éducation et de liberté. Le pain est sur la planche. Qui réclame plus de sagesse, d’intelligence et d’expérience que n’en disposent bien souvent les populistes et les démagogues.

Gérard Leroy, le 18 novembre 2023