À tous les lecteurs, en communion

   Marie-Madeleine est là, devant le cadavre de Jésus, tremblante, éplorée. N’est-ce pas elle qui a baisé les pieds de son Maître qu’elle a humectés de parfum ? Jean l’Évangéliste les a identifiées, ces deux filles du Nord, celle de Béthanie et celle de Magdala dont le cœur amoureux ne craint pas le qu’en dira-t-on. Selon Jean elle a reçu Jésus chez elle et depuis ce jour, Jésus la fascine. Il la regarde. Elle le regarde. Sa vie en est soudain bouleversée. Son cœur est amoureux de Jésus. Marie Madeleine a tranché pour celui que son cœur aime.

Marie Madeleine, on la rencontre à maintes reprises dans l’Évangile. Elle vient du village de Magdala, au nord de la Galilée.

Elle est donc là, ce Vendredi après-midi, mêlée à la foule qui conspue Jésus, jusqu’au pied de la Croix, près de Marie qui assiste impuissante et remplie d’effroi au supplice de son enfant.

Au pied de la Croix Marie-Madeleine, comme les autres femmes, subit. Avec Jésus. Elle se donne avec celui qui donne. Elle s’offre avec le Christ qui s’offre. Elle meurt avec le Christ qui meurt.

   Marie-Madeleine accompagne Joseph d’Arimathie, lequel a demandé à Pilate de l’autoriser à prendre pour l’ensevelir le corps encore sanguinolent de Jésus. Elle s’avance et s’assoit près de l’autre Marie devant le sépulcre de Jésus. Madeleine reste là quelques instants assise, prostrée devant la porte du tombeau refermée, derrière laquelle repose désormais le corps de celui en qui elle a mis toute sa confiance.

Arrive le dimanche, jour de la Pâque pour les Juifs. Le soleil se lève en ce matin d’avril derrière les Monts de Moab. Jérusalem dort encore. Dès le lever du jour, les femmes apportent au tombeau, où Jésus a été enseveli, des aromates qu’elles ont préparés la veille. Le tombeau est vide. La pierre a été roulée.

Les femmes arrivées au tombeau ne remarquent pas le jeune homme assis sur la droite. C’est Luc qui en fait la remarque. En revanche elles constatent bien l’absence du corps du Seigneur Jésus. Luc est, avec Jn 20, 12, le seul à appeler “corps” (sôma) le cadavre de Jésus (Lc 24, 3-23).

Les femmes, bouleversées, courent annoncer aux disciples que le tombeau est vide. C’est Mathieu qui nous raconte toutes ces séquences.

Les apôtres, encore sous le choc des événements de la semaine, se sont enfermés toute la nuit à double tour. Soudain, alors qu’ils somnolent encore, Marie Madeleine et les autres femmes accourues vers eux, leur crient : “Où l’avez-vous mis ? Où avez-vous mis mon Seigneur ?” “La pierre a été enlevée”. Éberlués, les disciples ne les croient pas : “Paroles de bonnes femmes !” se disent-ils... “Elles radotent !” (Lc 24, 11).

 

 Pierre décide cependant de se rendre au tombeau, avec Jean. Devant les bandelettes répandues sur le sol, Pierre s’étonne, sans comprendre (Lc 24, 12). Marie-Madeleine, Jeanne et Marie, celle de Jacques, y sont retournées, elles aussi.

Jésus n’est plus au tombeau, en effet. “Il n’est pas ici” leur dit un ange. “Il est ressuscité”. Et voici, raconte Mathieu, que se présente quelqu’un, dont le passage fulgurant —”il avait l’aspect de l’éclair”— le fera assimiler à l’Ange du Seigneur (Mt 28, 3).

    Il n’y a finalement rien de surprenant que ce soit à Marie-Madeleine que le ressuscité se manifeste en premier, au matin de Pâques, puisque Marie Madeleine est revenue, elle aussi, au tombeau, avec les apôtres Pierre et Jean. “Rabbouni” crie-t-elle en voyant le Seigneur. “Ne me retiens pas”, lui dit-il. “Va leur dire que je dois monter vers mon Père”. Un nouveau type de relation, personnelle, s’instaure, et que Marie-Madeleine a charge de témoigner.

Gérard LEROY, 5 avril 2012, Jeudi saint, réédité le mardi saint 26 mars 2013