Pour Gabriel Florès, en hommage amical

   La mission du chrétien est aujourd’hui en prise avec les événements socio-politiques. Il nous faut apprendre à conjuguer avec patience l’urgence de la compréhension, tout entière orientée vers la fraternité, ceci sans la moindre perspective d’absoluité. 

Le grand théologien suisse Hans Urs von Balthasar insistait sur la révélation comme action et engagement, à l'instar de la mission. Car Dieu a engagé l’humanité pour un partenariat. Cela donne au mot dialogue une teneur théologique importante loin des discussions stériles. 

La mission s’appuie sur les fondements théologiques et l’accès à la pluralité des cultures et des religions. Voilà qui justifie la création d’un pôle universitaire catholique dans chaque ville.

Comprendre ce qu’est la mission, c’est saisir en premier lieu le lien entre la mission et la révélation. L’avenir de l’Église porte sur la capacité des chrétiens à annoncer que le Christ est ressuscité. Pas une mince affaire ! Qui entraîne la vocation de l’Église à œuvrer en faveur de l’œcuménisme.

Le judaïsme, racine du christianisme

La foi chrétienne a une relation de filiation avec la foi juive. Le dialogue avec le judaïsme précède le dialogue avec l’islam et d’autres religions. C’est alors qu’on distingue identité et altérité, un discernement qui est seul à même de décentrer l’Église d’elle-même. 

Trop souvent réduite par des irréfléchis à une simple étiquette, la catholicité souffre d’une mise à l’écart de la participation aux questions actuelles ; elle n’est ni nostalgique, regardant la passion du Christ comme on feuillette un album photo, ni malheureuse parce que sans espérance. L’espérance nourrit la convivialité et la fraternité. Ceux qui ont le pouvoir préfèrent attiser une mémoire douloureuse comme certains gouvernants, ou comme ceux qui ont préféré remplacer la mémoire heureuse des juifs séfarades pour victimiser les juifs ashkénazes par la mémoire douloureuse.

La mission commence là où Dieu décide de sortir. Le logos, qui est parole, devient dialogue. Le premier dans la mission est Dieu lui-même qui se fait prochain.

Délaissant la théologie métaphysique ou l’apologétique absolutiste, nous avons à nous recentrer sur l’histoire du salut. Tout curé, déclare le cardinal Jean-Marc Aveline, doit devenir un théologien de quartier, et offrir «une vision qui doit faire vivre dans le quartier la communauté chrétienne».

Pour affronter le tsunami de l’indifférence, il y a un besoin urgent d’un examen critique de notre foi, d’une conscience de la catholicité, et d’un examen des conséquences de la sécularisation génitrice d’un état réfractaire à toute transcendance.

 

Gérard Leroy, le 24 octobre 2024