Pour Bertrand Galley, en hommage amical

   Un groupe nomade, tribal, s’étant formé au IIe siècle à l’est de la Mer d’Aral, a dominé, en partie, l’Iran, près de 5 siècles, de l’Euphrate à l’Indus, de la Mer Caspienne au Golfe persique. On leur doit l’iranisation profonde, l’esquisse de la re-création d’un État national qui ne s’accomplira qu’en 1501, date de la Constitution iranienne par les Séfévides (1501-1736). Toute l’histoire de ce groupe nomade est dominée par la volonté de se poser en successeurs des Achéménides (539-330 BC), opposés à l’empire romain, chassant même Hérode de Jérusalem. Les rois de ce groupe se font nommer « chahs ». Le grec alors en usage jusqu’à l'empire romain, laissera sa place à l’araméen et à deux langues iraniennes : le pehlevi et le sogdien. 

Le mazdéisme est adopté par les Parthes (247-224 BC) qui adorent Ahura Mazda. Succédant aux Parthes, les Sassanides (224 - 651) font du mazdéisme une religion d'État. Ahura Mazda, le dieu du mazdéisme, est une puissance de lumière. Selon le mazdéisme l’existence repose sur deux principes : le bon, c’est Ahura Mazda, le mauvais, dieu du mal, Ahriman. D’où viennent ces dieux ? 

Ahriman a tué le bovin, puis l’homme dont la race aurait continué grâce à son sperme répandu sur le sol. Il en naquit une plante qui se scinda en deux pour donner 2 jumeaux, un garçon et une fille d’où descend toute l’humanité. Ce mythe va légitimer l’inceste adopté et recommandé par le mazdéisme, pratiqué par le roi achéménide Artaxerxès II (404-358 BC) et sa fille. 

Pour le mazdéisme le cadavre est impur ; il doit être abandonné aux bêtes sauvages, aux oiseaux de proie, et ses os doivent être jetés dans une fosse. L’âme du mort reste à côté du cadavre pendant trois jours. La brise le réveille, le cadavre reprend conscience, récupère ses facultés perdues. S’il a été juste, une jeune fille ravissante lui dit : « je suis ta religion, ton âme, parce que tu as bien pensé, bien dit, bien fait ». S’il a été injuste, c'est une vieille femme sale qui lui dit : « parce que tu as mal pensé, mal dit, mal fait, tu m’as rendue plus méprisable encore ». Le  principe dogmatique du mazdéisme est « penser bien, parler bien, agir bien ». 

Le mazdéisme ajoute un jugement des morts effectué par Ahura Mazda. On préparait encore, il y a une cinquantaine d’années, les corps des défunts dans une salle de prière de ces Tours du silence qu’on voit encore à Yazd, l'une des plus anciennes villes du monde, sur le plateau central iranien. Là, on élevait ces corps vers un grand trou où les vautours les dévoraient en cinq minutes. Le défunt devait ressusciter, la damnation n'étant que provisoire. 

Le paradis qui est lumière peut être promis. Mais pour être sauvé il faut être mazdéen, initié dès l’âge de 12 ans à « une nouvelle naissance. » Ces célébrations qui symbolisaient le passage de l’impureté au monde pur ont été supprimées sur ordre du Chah en 1978. 

Le mazdéisme avait été réformé, disent les mazdéens, par Zarathustra grâce auquel les Mazdéens ont évolué vers le monothéisme.

Sans mazdéisme pas de manichéisme. Et sans manichéisme pas de catharisme…

 

Gérard Leroy, le 7 février 2020