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Salut à toi, abominable frère,

   Tu observes comme moi l’identification du « poutinisme » que tu défends au fascisme que tu dénonces. Laisse-moi te dire ce que tu fais, pope.

Le fascisme s’inaugure d’abord dans la soumission de soi à un chef. Ainsi a-t-on perçu l’identification des russes communistes au « Petit Père du Peuple » Staline. C’est une sorte de phénomène qui se reproduit dans les régimes soumis à la volonté virile d’un dictateur, qu’ils s’appellent Bolsonaro, Khamenei, Mougabé, Lumumba, Assad, Kadyrov ou Poutine. On a observé tout cela dans l’identification affective au führer (1). « Les agitateurs donnent à entendre que le Guide est quelqu’un qui ose sans complexe » (2). L’homme fort s’identifie à la masse, laquelle trouve un leader qui lui ressemble. Le tour est joué.

Le choix d’un pseudo leader par la masse agenouillée donne à celle-ci l’illusion d’une protection dont le peuple croit avoir besoin. L’individu s’identifie progressivement à son leader. Chaque national-socialiste se prenait pour un petit Hitler. Mais ce n’est pas d’abord le charisme du leader, son intelligence, son sens de l’histoire, qui lui confèrent un pouvoir sur la foule. Tout part de ces individus, décérébrés par leur éducation patriarcale et leur servitude volontaire qui aspirent à être dirigés par celui qui leur donnera « l’illusion de protection infantile dont ils ont besoin émotionnellement » (3). L’individu faible se renforce quand, asservi délibérément, il croit faire partie de la race des maîtres, convaincu d’être conduit par un « génie », quand il n’est qu’un simple suiveur sans importance et sans voix au chapitre. On met ici le doigt sur l’explication psychanalytique du fascisme. Ce qu’a bien montré Nietzsche (4). Moins un individu sait commander à lui-même, moins il sait se donner des mobiles et des fins, et plus il appelle quelqu’un qui commande. L’individu éprouve alors un besoin impérieux de se donner un guide, un gourou, quelqu’un qui commande, qui vient avec ses vérités. Ça peut être Dieu, mais aussi le prince, le chef de bande ou le président russe ! Toutes ces entités viennent investir sa volonté qui se laisse conduire. Il y a altération de la personnalité, qui se transfère sur la personnalité du chef, du Guide, du führer, de Poutine. N’importe qui peut mener des hommes asservis. Le chef, lui, est le « Grand Déifié » par la foule, laquelle est dé-responsabilisée par le chef.

Kyrill, tu es le pope des fascistes russes, la caution des foules haineuses, nazifiées, à l’assaut de l’Ukraine dont la minorité Azov ne peut prétendre avoir été une menace pour la Russie dont le président veut conquérir au-delà de ses frontières pour refaire l’URSS.

Au prix de barbaries indignes de l’homme. En tuant.

Et tu vas fêter ça !

Que Dieu te rappelle.

 

Gérard Leroy, le 25 novembre 2022

(1) cf. Wilhelm Reich , La psychologie de masse du fascisme, Petite Bibliothèque Payot, 1979

(2) Cynthia Fleury, Ci-gît l’amer, nrf, 2020, p. 121.

(3) C. Fleury, op.cit., p. 190.

(4) cf. F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathustra, chapitre des Trois métamorphoses, Trad. M. de Candillac, Gallimard/idées, 1971.