Pour Edwige, ma fille,

   Le Saint-Esprit, il est vrai, revient moins souvent dans le cœur de nos conversations que Léo Messi ou la Reine Elisabeth II. C’est aussi vrai qu’il ne vient pas à l’esprit humain en premier de prier l’Esprit de Dieu. Et pourtant, sans lui, pourrions-nous dire « Notre Père », chanter Jésus ressuscité ? N’y a-t-il pas là une raison qui relève de la discrétion du Saint-Esprit, qui ne parle pas, en nous, de lui, mais témoigne de l’amour mutuel du Père et du Fils, desquels il procède. L’Esprit renvoie à ces deux personnes. Son essence même, c’est le mouvement d’amour réciproque qui unit le Père et le Fils.  L’Esprit est l’agir conjoint du Père et du Fils.

De fait, il y a comme un anonymat du Saint-Esprit. Nous le savons cependant présent, agissant, tant dans le cœur que dans la conscience de bien des hommes et des femmes qui ne prononcent jamais le nom de Dieu.

L’Esprit Saint s’offre. Et offre à tous, de la façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal. L’Esprit Saint c’est Dieu sans visage, Dieu enfoui, Dieu des sans-Dieu. C’est lui le grand précurseur, le guide de l’homme en attente de l’Évangile. Qui peut révéler l’agir de l’Esprit, en témoigner ? De même que le Fils révèle le Père, de même que l’Esprit atteste le Père et le Fils, l’Église est non seulement le temple de l’Esprit qu’elle n’enferme pas mais qu’elle révèle, qu’elle manifeste, qu’elle en est est l’épiphanie. Irénée de Lyon disait : « Là où est l’Esprit, là est l’Église ». Qu’est-ce que l’église, sinon le Saint-Esprit, omniprésent, enfin tangible ?

Concrètement où pouvons-nous témoigner de sa « compagnie », de son « partenariat » ? Quand on participe à la prière commune, chacun est touché par le Saint-Esprit. Quand on se retrouve dans l’intimité d’une adoration, chacun saisit la présence du Saint-Esprit. Quand des couples, ou des familles, se réconcilient, quand nos évêques font preuve d’audace, quand se montre la grande diversité des vocations dans l’église, je crois au Saint-Esprit, à son action efficiente et si discrète que je crois plus encore en lui. Quand j’entends des trouvailles de la bouche d’un enfant, le Saint-Esprit est là. Souvenez-vous de ce gamin de 4-5 ans arrivé en retard à l’école. Le môme ne tarde pas à s’en justifier auprès de ses camarades : il revient de l’enterrement de son grand-père. Et il a bien écouté l’homélie du prêtre, lequel a expliqué que le grain de blé, quand on le met en terre, a l'air tout petit et tout seul, jusqu’au jour, longtemps après, la moisson cause la joie ! Et le gamin de dire à ses copains : « On a planté grand-père ! ».

En l’Église, l’Esprit a planté sa tente. Et même si l’institution justifie qu’on lui applique des bandages ou des plâtres, même si elle s’aide de béquilles, même si elle souffre des perversités qui se dressent en travers de son chemin, qu’elle se réjouisse d’être guidée vers la Jérusalem d’en-haut, qui la consacrera pleinement Église.

 

Gérard Leroy, le 5 juillet 2019