Pour Bernard Touchot et Emmanuel Depernet, en hommage amical

   Il y a un an, le 26 mai 2018, Roger Piantoni nous quittait. Cette légende du football français, d’une personnalité que ses proches disaient attachante, cet attaquant incontournable de l’équipe de France de football des années 1950, reste considéré comme l'un des meilleurs joueurs de son époque. 

Sa jeunesse, Roger la passe dans la cité minière de La Mourière, près de Piennes, en Meurthe-et-Moselle. C’est là qu’il prend sa première licence, au club de foot de l’US Piennes, en compagnie de son copain Thadée Cisowski, autre gloire du foot français dont le journal L’Équipe révéla un jour la fiche de paye : 700 francs mensuels (#100 €). On était alors dans les années 50… 

En dépit d’un contrôle médical ayant repéré une insuffisance respiratoire, Roger Piantoni rejoint à 19 ans le FC Nancy, et devient le meilleur buteur du championnat de France avec 27 buts au cours de la saison 1950. En novembre 1952, Piantoni est appelé en équipe de France. En 1953, les Nancéiens de Piantoni et de Léon Deladerrière (« P’tit Léon ») disputent la finale de la Coupe de France face au Lille OSC.

Piantoni est ensuite transféré pour 250 000 francs (#38000 €) au Stade de Reims qui vient de vendre Raymond Kopa au Real Madrid. Là, Roger retrouve Just Fontaine et Jean Vincent. Le plus fameux des gauchers de l'histoire du Stade de Reims apparait alors comme le parfait pendant de Just Fontaine sur le front de l'attaque rémoise qui domine le championnat que la fine fleur du foot français remporte en 1958. 

Cette année-là, Piantoni participe avec plusieurs de ses coéquipiers rémois à la Coupe du monde de football, en Suède, où Piantoni forme, avec Just Fontaine et Raymond Kopa, un trio d'attaquants redoutables. La France d’Albert Batteux se distingue jusqu’à la demi-finale où elle doit se rendre devant le Brésil de Pelé.

Roger Piantoni rejoint ensuite l’OGC Nice, alors en deuxième division. Nice remporte le championnat et rejoint l’élite. Piantoni annonce alors sa retraite sportive, mais reste attaché à la Lorraine et à son club de Nancy. Au Stade Marcel-Picot, où évolue le club aujourd’hui nommé l’AS Nancy-Lorraine, une tribune porte le nom de Roger Piantoni.

Quand j’ai appris la nouvelle de son décès, je me suis souvenu de celui que j’affichais sur le mur de ma chambre de gosse que je remplissais de mes « idoles » ! Pas loin de P’tit Léon, de Strappe, de Baratte, de Cisowski, de Kopa, de Vignal, d’Ujlaki… Tous avaient aux yeux du public un prestige égal à celui qu’ont aujourd’hui M’Bappé ou Messi.

Nos vies sont des histoires, qui s’effilochent à mesure que les brins s’en détachent, comme du rafia. Les brins se détachent plus vite à mesure que la botte se réduit. 

Les tribunes du stade Marcel-Picot s’habillent de couleurs grises, mais gardent en mémoire les cris exaltés qui, jadis, portaient une équipe flamboyante aujourd’hui aux portes du pénitencier. La pluie imbibe même les yeux du gardien…

« N’oublie pas d’éteindre le vestiaire en partant ».

 

Gérard Leroy, le 26 mai 2019.