Pour Hervé-elie, en hommage amical

 Le personnage est issu d’une famille non juive de notables d’Idumée, convertie de force au moment des conquêtes hasmonéennes. Hérode ne renia jamais sa religion et il eut la sagesse d’accepter de rester en marge du pouvoir religieux. Il s’isolait des juifs, s’affichant plutôt ostentatoirement fidèle à l’empereur Auguste. Sa popularité en pâtissait, d’autant qu’il mettait en application ses idées frisant la provocation. Ainsi avait-il fait placardé aux portes de la ville des inscriptions en l’honneur de l’empereur, manière de flatter l’occupant.

En dépit de toutes les accusations légitimes qui peuvent lui être adressées, Hérode n’est pas à mettre au rang des rois fainéants. C’est à lui que les Palestiniens doivent la construction, entre 20 et 10 ans avant notre ère, du grand port de Césarée sur la côte, où aimait à se retrancher la garnison de soldats romains fuyant les chamailleries religieuses qui troublaient la cité de Jérusalem. Cette cité de Jérusalem fut remise à neuf par Hérode le Grand. C’est sur son initiative, en effet, qu’une partie du Temple a été reconstruite. Il a de surcroît amélioré l’urbanisme, grâce à la construction de rues et de places, sans oublier ce qu’il fit édifier à son profit et à sa cour, son palais, vers 24 avant notre ère, qui se situait le long du rempart occidental actuel. Flavius Josèphe en parle avec lyrisme. Hérode possédait plusieurs palais et forteresses disséminés sur un territoire dont il avait été chargé du contrôle et de l’administration par les Romains. À cela s’ajoutent un amphithéâtre et l’hippodrome.

Vis-à-vis du pouvoir religieux Hérode se tenait à l’écart des innombrables problèmes juridico-religieux soulevés par l’application de la Loi juive que surveillait le grand prêtre du Sanhédrin. S’établissait ainsi, du moins Hérode avait-il joué en ce sens, une nette séparation entre l’État et la Loi. Un seul de ces deux dépendait de lui, ce qui lui permit d’établir avec les Pharisiens une sorte de modus vivendi qui fonctionna assez bien pendant tout son règne.

Hérode en faveur de la Diaspora juive

Son souci de la Diaspora doit être mis au crédit de la politique d’Hérode le Grand. S’il a voulu construire un très grand Temple à Jérusalem, c’est dans l’intention de remplacer celui de Zorobabel.

Le Temple de Salomon pillé et détruit lors du siège de Jérusalem en 586 avant notre ère, il fallu attendre le retour de l’exil pour envisager sa reconstruction. Après leur libération par le roi perse Cyrus, vers 538, de nombreux Juifs revinrent à Jérusalem.

Un Second Temple de Jérusalem fut alors reconstruit sur les fondations du Premier Temple, édifié par le roi Salomon. C'est à Zorobabel, petit-fils de Joiakim (le roi judéen déporté), que l'honneur échoit de restaurer l'autel des holocaustes et d'inaugurer la reconstruction du Temple de Jérusalem qui fut terminé longtemps après, en 417 avant notre ère, sous le roi achéménide Darius II. Zorobabel n’en a pas été le grand prêtre. C’est Josué qui fut investi de la fonction sacerdotale : ce qui fait dire au prophète Zacharie que le nouvel Israël sera soumis à un double gouvernement, celui du roi et celui du grand prêtre. Ce second Temple est devenu le centre culturel et spirituel du judaïsme et le lieu des sacrifices rituels, jusqu'à sa destruction en l'an 70 par les Romains.

 

Gérard Leroy, le 20 juin 2021