Pour Albert Drabble, avec mon amical souvenir

   Ce terme nouveau de diaspora tranche avec celui plus connu de galuth qui évoque la terreur de l’exil commencé en 587 BC avec la déportation des juifs à Babylone conduite par Nabuchodonosor.

Le mot Diaspora, évoqué à plusieurs reprises sur ce site, est apparu, rappelons-le, avec la Septante, établie au II-IIIe siècles avant notre ère à Alexandrie. Environ soixante-dix juifs (d’où le nom de « Septante ») ont traduit la Bible en Grec à l’intention de leurs coreligionnaires restés an Asie Mineure après la libération prononcée par l’empereur Cyrus. Car en effet, fascinés par l’hellénisme installé là depuis Alexandre v. 340 BC, ces juifs restés en Asie Mineure en oublièrent leur hébreu au point qu’ils n’accédaient plus à leur texte fondateur, la Bible. La connotation du terme Diaspora, moins négative que le terme galuth, est liée à sa racine spora qui signifie « ensemencement ». Le terme nouveau sous-entend donc le désir d’insertion dans un espace hors de la Judée, une terre nouvelle où Dieu suivait son peuple, ainsi que l’a souligné le prophète Ézechiel.

Le philosophe Philon d’Alexandrie, contemporain de Jésus de Nazareth, rapporte que les Judéens considéraient leur ville, Jérusalem, comme la ville sainte où se trouvait le Temple, mais, pour partie, admirent en exil les régions que le sort avait donné pour séjour à leur pères.

Toute diaspora a ainsi une ville-mère, un pays-père. Toute diaspora participe peu à peu à une double culture. Ainsi, la Septante, fruit de la Diaspora d’Alexandrie, a universalisé la Bible.

En jetant un regard sur cette aventure nous sommes renvoyés aux diasporas d’aujourd’hui confrontés à des sorts divers, en Égypte, en Allemagne… jusqu’en Ukraine dont le Président Zelensky, juif lui-même, se bat contre le Nabuchodonor moderne qui mène une guerre impitoyable de son prétendu empire russe contre les Ukrainiens et leur capitale Kiev, qu’on peut comparer à Ninive (aujourd’hui Mossoul). Le sulfureux président Poutine se fait assister de toutes les forces qu’il peut s’adjoindre, du patriarche Kyrill comme des Biélorusses, à la manière de Nabuchodonor qui se renforçait de l’aide des Mèdes venus d’Iran.

 

Gérard Leroy, le 18 mars 2022