Pour Émile Moatti, en hommage amical

   David eut à organiser un véritable empire en unifiant 12 tribus et en asservissant les pays voisins. Salomon paracheva l’organisation administrative sur le modèle égyptien, en promouvant la justice royale et en assurant les revenus du palais, voire en imposant la corvée pour ses constructions.  La corvée est une institution répandue dans tout l’Ancien Orient. Elle est attestée en Basse Mésopotamie, jusqu’à la période néo-babylonienne (VIIe-539 BC) ; les lois assyriennes condamnaient les délinquants à un travail forcé temporaire au service du roi. 

En Israël, David y astreignit les Ammonites (2 S 12, 31). Un ennemi vaincu, s’il survivait (!), devenait corvéable (Is 31,8). Après la prise de Rabba par David, le 2ème livre de Samuel nous dit (12, 31) qu’il « mit la population et toutes les villes des Ammonites à manier la scie, les pics et les haches de fer et les employa au travail des briques ». À la fin du règne de David s’introduira le surintendant des corvées pour les travaux publics (2S 20, 24) et sous Salomon le majordome et le surintendant des préfets (1R 4,5). Mais la corvée, comme l’usure, furent interdites dans les relations entre Israélites après le règne de Salomon. Les Israélites gardaient un terrible souvenir des tâches imposées à leurs ancêtres en Égypte (cf. Ex 1, 11-14 ; Ex 5, etc.), qui partageaient alors le sort des sujets de Pharaon. 

Sous Salomon (970 - 931 BC), les grands travaux dont la construction d’un temple et du Palais, la fortification de Jérusalem et des villes de garnison (1 R 9, 15-19), exigeaient une main-d’œuvre considérable. Sans doute Salomon disposait d’esclaves publics, qu’il utilisait dans son usine d’Éçyôn Gébèr, ce port sur la Mer Rouge, en bordure du Golfe d’Aqaba.

Le travail des mines et de la fonderie d’Éçyôn Gébèr, se faisait dans des conditions si pénibles qu’elles causaient une effroyable mortalité. La tâche était exécutée par des esclaves au service du roi Salomon. La flotte exportait des produits demi-ouvrés de l’usine d’Éçyôn Gébèr. 

Les équipages d’esclaves de Salomon étaient associés aux esclaves de Tyr (1 R 9, 27), le roi Hiram étant allié avec Salomon. Dans tout Israël (1 R 5, 27) Salomon leva pour une « corvée servile » 30000 ouvriers, dont 10000 allaient à tour de rôle au Liban chercher le bois que coupaient les bûcherons du roi de Tyr (1 R 5, 20, 23, 27-28). 70000 porteurs et 80000 carriers auraient travaillé à Jérusalem avec les maçons et les charpentiers (1 R 5, 29-32).

La corvée était encadrée par des surveillants et des officiers (1 R 5, 30 ; 9, 23 ) placés sous les ordres du chef de la corvée. Comme toujours, la pénibilité de la tâche dépendait de l’autoritarisme du chef !

 

Gérard LEROY, le 12 octobre 2019