Pour Jean-Marc Aveline, en hommage amical

   Vingt-deux Cardinaux, évêques et archevêques viennent d’être nommés, par le pape François, membres du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux. Ce dicastère présidé par le cardinal espagnol Miguel Ángel Ayuso Guixot, a intégré Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, lequel avait déjà travaillé auprès du Cardinal Jean-Louis Tauran au Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux. Nous sommes heureux de voir Mgr Aveline, investi depuis toujours dans le dialogue inter-religieux, requis pour participer à cette mission de l’Église, qui œuvre à la fois pour la coexistence pacifique, mais aussi pour approfondir ultérieurement «le mystère de Dieu», en devenant ainsi un «dialogue de salut».

Le défi posé par de nouvelles communautés chrétiennes ne remet pas en question les grandes religions historiques comme le judaïsme, l’islam, l’hindouisme et le bouddhisme. Le pouvoir des médias, la rapidité de la communication et le nouveau flux migratoire des populations ont modifié l’ancienne carte missionnaire du monde. L’Europe compte plus de 15 millions de musulmans et l’Amérique du Nord découvre avec ferveur la sagesse des grandes religions de l’Orient.

Nos sociétés mondialisées sont devenues multi-culturelles et pluri-religieuses. Nous participons à une véritable révolution dans l’histoire religieuse de l’humanité et on ne dira jamais assez la chance que représente la nouveauté du dialogue inter-religieux pour la communauté mondiale aujourd’hui. L’Église catholique qui témoignait jadis d’un exclusivisme religieux intransigeant a joué un rôle de pionnier au concile de Vatican II, réalisant une mutation sans précédent envers ceux que l’on désignait encore comme les païens. L’Église encourage désormais une attitude de respect et d’estime à l’égard des autres religions du monde et le surgissement d’une théologie des religions perçoit les autres traditions religieuses comme des voies possibles de salut. La grâce est christique mais n’est pas pour autant le monopole du christianisme.

Voilà qui modifie les formes de la mission de l’Église. Le temps que nous vivons nous convoque au défi. Les chrétiens ont le devoir de se disposer à assurer leur rôle. La première de ces dispositions serait de renoncer à ce besoin impérieux de supériorité, arrogante et dévastatrice. De quelle que tradition qu'on se réclame, nous devons cesser de revendiquer la place centrale dans la galaxie des religions, regardant tournoyer les autres traditions comme des électrons en attente de rejoindre le noyau.

À chacun de puiser dans sa foi la source du respect de celui qui ne la partage pas, en reconnaissant à l’autre sa dignité d'homme et en participant à son développement. À négliger cette dynamique essentielle de la foi, on marche à côté de sa foi.

Gérard Leroy, le 17 juillet 2020