Pour Marie, que j’embrasse

   Ce qui nous attend sera pire. Ne voit-on pas déjà les effets du changement climatique ? Ce qui nous est importe c'est l’irréversibilité de cette situation.

Partout certains continuent de relativiser. Même les médias sont rares qui invitent les scientifiques dont on ignore l’avis. Récemment, cependant, une station de radio s’est engagée à former l'ensemble de la rédaction aux enjeux environnementaux, afin de commenter exclusivement à partir des informations authentiquement scientifiques.

D’où vient le climatoscepticisme ? Ceux qui s’aventurent dans les méandres de l’étiologie, déduisent que son expression est un déni, traduisant l’angoisse née des conséquences du problème à prévoir. C’est un peu comme si le problème était réellement menaçant et demandait des efforts qui les dépassent, quels qu’ils soient, matériel, culturel, moraux. À la manière des Shadok, ils se disent : « puisqu’il n’y a pas de solution, il n’y a pas de problème ».

L’hiver est là qui nous éloigne des coups de la canicule. L’oubli va s’installer.

Oubliée l’urgence de baisser les émissions de gaz à effet de serre, oubliée la gravité du problème ? Sachons cependant qu’après l'arrêt des émissions il faudra s’armer de patience et attendre plus de 10000 ans pour que le CO2 qu'on a répandu dans l’atmosphère s’évacue. Le niveau des océans —la cryosphère—, va s’élever, lentement, pendant des millions d’années. Il faut alors s’attendre à ce que le Groenland ou même l'Antarctique continuent à se dégrader, comme les écosystèmes, pendant des siècles.

L’abaissement des émissions de gaz à effet de serre suppose non seulement un correctif collectif de nos comportements, ici, en France, mais encore des accords planétaires. Il faut considérer l’urgence du problème des disponibilités en eau, la souffrance de la forêt, le problème sur les cultures, les infrastructures. C'est plus urgent que de déployer la 5 G ! qui est elle-même, au dire des premières observations, une calamité.

Une organisation structurée et organisée commence par définir le problème. La définition du problème exige qu'on comprenne l'ensemble de la société, ce qu’a bien souligné l’encyclique Laudato’si.  Avant de l’expliciter, les responsables politiques de tous pays doivent retourner à l’école, convaincus que l'énergie participe à l'ensemble du fonctionnement de la société. Tout ce qu’on manipule, qui nous est nécéssaire ou utile nous renvoie, in fine, au pétrole. Tout ce qu’on déplace génère des gaz à effet de serre, puisque les camions roulent avec de l’essence.

Le phénomène est systémique. Les retraites, la diplomatie, l’Ukraine, le pouvoir d’achat, tout cela se rattache, plus ou moins directement, au pétrole.

Les Français persistent à prendre l'avion pour partir en vacances. Le développement de la 5G passe par le marketing, dont la volonté productrice a chosifié la population pour la transformer en segments de marchés. L'empreinte numérique est approximativement de 4 % des émissions mondiales. On évalue sa croissance entre 5 à 10 % par an.

L'organisation d'une transition va prendre des décennies. C’est une erreur prétentieuse de croire qu’on va parvenir à tout changer en un tournemain, sans corriger nos comportements.   

L’énergie sur laquelle on comptait commence à nous manquer. Les décisions drastiques qui seront prises devraient être déstabilisatrices socialement. Le secteur aérien, par exemple, devra baisser le trafic. Plus on tardera et plus ce sera socialement difficile. Pourtant 1 % de baisse de ce trafic, ça se gère, non ?

On est drogué au gaz et au pétrole russes. On est dépendant du monde. Ce fut le cas pour le traitement du Covid où l'on a dû acheter des masques à l’étranger. Ça remet en question le dogme du libre échange.

On est dans la mondialisation jusqu'au cou. En France on n’a plus une seule mine de fer, d’argent, de nickel, de cuivre, d’étain, de plomb, d’aluminium. La facilité à transporter des objets partout dans le monde ça s'appelle le pétrole.

 

Gérard Leroy, le 6 novembre 2022