Pour Roger, cette réponse développée et incomplète, donc à suivre...

   L’Assyrie est un territoire qui tire son nom de son Dieu tutélaire Assur, nom transmis à la ville principale de la Mésopotamie du Nord. C’est là que naquit, au IIe millénaire av. J.-C., un royaume puissant, débouchant sur un empire, s’étendant de part et d’autre du Tigre, couvrant aux VIIIe et VIIe siècles av. J.C. l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie et l’Iran actuels. Les bergers font paître le petit bétail sur cette immense steppe traversée de part en part par les caravanes.

Pendant plus d’un millénaire, l’Assyrie fut une puissance politique et économique de la Mésopotamie du Nord, alternant tout au long de son histoire tantôt la domination, tantôt le vassalité.

L’Assyrie acquiert son autonomie 2000 ans av. J.-C. ,  et développe aussitôt les relations commerciales depuis la capitale Assur, avec l’Elam, l’Anatolie et le Golfe Persique où les comptoirs s’approvisionnent en étoffes et métaux dévolus à la fabrication des armes et des statues.

Les XIXe et XVIIIe siècles marquent un tournant. Le roi assyrien appartient à des populations sémitiques de l’Ouest où se trouvent les Amorites, et à la tribu de Benjamin. Le roi étend sa domination sur la rive gauche de l’Euphrate, jusqu’à Mari, à l’est de la Syrie actuelle, fondée par les Sumériens huit siècles plus tôt, à l’abri des crues dévastatrices de l’Euphrate. Premier coup dur pour les Assyriens : le roi de Babylone, Hammourapi, vient supplanter l’hégémonie assyrienne, et l’Assyrie devra attendre le milieu du XIVe siècle pour s’affranchir de la tutelle de Babylone.

   C’est en exerçant  la terreur sur tout leur territoire et jusqu’à Babylone que les Assyriens reprennent le pouvoir.  Au milieu du XIIIe siècle l’Assyrie atteint son apogée. Un siècle plus tard, la région éprouve de profonds bouleversements, liés à l’invasion de ceux que les Égyptiens appellent les “Peuples de la Mer”, autrement dit les Philistins. Ces gens, d’origine crétoise, avaient pénétré le territoire par le Delta du Nil, bravant les armées de Menephta ou de Ramsès III, le premier vraisemblablement contemporain de Moïse. Ils dévastent les royaumes du Levant, puis s’installent un peu partout au Proche-Orient, d’abord sur la bande de Gaza, puis en Sicile, ou encore sur les côtes italiennes de la Méditerranée. C’est de ce nom de “philistins” qu’est dérivé, sous sa forme latine, le nom de “Palestine”.

De Salomon jusqu’à César, Canaan, compris entre la Mer Méditerranée et le Jourdain,  s’est ainsi appelé “Palestine”.

Fin XIIe siècle, le roi Teglat-Phalazar 1er (1114-1076) doit contenir pendant plus d’un siècle les assauts des Araméens, de part et d’autre de l’Euphrate, avant que David s’en mêle et écrase Philistins et Moabites (1), décimant plus de vingt mille Araméens (2). À partir de ce moment-là les Araméens deviennent sujets de David et lui versent un tribut.

Au XIe s. les tribus continuent de se chamailler. Les Philistins sont les grands ennemis des Égyptiens. Des groupes de prophètes incarnent alors la résistance à tout ce qui menace l’unité de la nation ou la coupe de ses racines. Le prophétisme, prétend le premier Livre de Samuel, est contagieux ! Amos, lui, prend ses distances avec les groupes prophétiques qui cultivent l’extase. La situation d’Israël a changé depuis la mort de Salomon (931) : dix des douze tribus du peuple juif, se rassemblent au Nord. L’espace est plus vaste et plus prospère que le sud. Le Nord forme le nouveau royaume d’Israël et se donne un roi, qui siège à Samarie. Tandis qu’au sud, les deux autres tribus, Siméon et Juda, forment le royaume de Juda dont la capitale est Jérusalem.

Le Nord, Israël, entretient des relations avec les phéniciens de Tyr (aujourd’hui Sour) et les Araméens de Damas, favorisant ainsi l’essor économique et les échanges culturels et religieux. L’Assyrie tente alors de reconquérir l’Aram, ce petit état qui enveloppe Damas depuis la fin du XIIe siècle. Ils y réussissent, soumettant les royaumes araméens qu’ils transforment en un État militaire. Les inscriptions d’Assurbanipal II (IXè siècle) insistent sur la cruauté de cette armée assyrienne qui n’hésite pas à écorcher vif, à décapiter, empaler, amonceler en pyramides les têtes coupées devant les villes conquises.

Les intérêts économiques ajoutés aux appétits des soldats pilleurs, rapportant un butin toujours plus abondant, encouragent les initiatives du roi assyrien pour de nouvelles campagnes. Salmanazar III (858-824) ne s’en prive pas, qui fait razzier pour les soumettre au tribut les riches royaumes du Levant, dont la Syrie du Nord qui capitule, à la différence de ses voisins, la Syrie centrale et la Syrie méridionale qui se coalisent en se renforçant de l’aide du roi israélite Achab pour stopper l’avancée des armées assyriennes.

En 841, la coalition se disloque, ce qui donne un véritable coup de pouce aux Assyriens qui reprennent le contrôle de la région. Israël entre en guerre contre Aram, mène un coup d’État contre la maison d’Achab (3). Salmanazar III, assiégeant Damas et dévastant la Galilée, étend alors sa domination sur toute la région jusqu’à la mer.

L’Assyrie redevient ce qu’elle avait toujours été, conquérante, soumettant au tribut les vaincus, c'est-à-dire les royaumes de Syrie du Nord, de Phénicie, d’Israël, de Philistie et d’Edom.

Dans le domaine religieux les cultures babylonienne et araméenne sont les plus influentes. L’empire est, de fait, “assyro-araméen”, la langue araméenne étant pratiquée au côté de l’assyrien, et les plus hautes fonctions réservées aux Araméens. Les provinces des royaumes araméens, y compris celui de Damas, sont peu à peu transformées en provinces néo-assyriennes, entraînant la vassalisation de la Samarie et du royaume de Juda.

La situation politique en Israël est loin d’être stable. Elle est en effet fort troublée par une succession fréquente des rois (4). Leur politique alterne soit en faveur du suzerain assyrien soit en s’y opposant, ce qui vaut alors bien des déboires au Royaume d’Israël.

Après avoir régné quarante ans sur le Royaume du Nord  et favorisé la prospérité économique du pays, Jéroboam II meurt en 743. La situation se dégrade alors très rapidement. Le fils de Jéroboam II lui succède selon le principe dynastique de l’époque. Le règne dure six mois ! Zacharie est en effet victime d’une conspiration organisée par celui qui va lui succéder, Schallum, qui subira le même sort un mois plus tard pour laisser place à Menahem, installé en 743, c'est-à-dire quelques mois seulement après la mort de Jéroboam II ! On imagine les frictions entre tribus. Vassal de l’Assyrie, Menahem doit payer un lourd tribu à cet empire, "mille talents" annonce le Livre des Rois. En 721, Samarie est prise par les Assyriens. Sargon II déporte 2290 habitants en Mésopotamie. Nombre d’entre  eux fournissent une main-d’œuvre affectée aux grands travaux, dont la fondation d’une nouvelle capitale : “Fort Sargon”, où sont construits le palais, des temples et une ziggourat.

C'en est fini du royaume du Nord.

Sennacherib, successeur de Sargon II, établit sa capitale à Ninive. “Quand à Ézechias de Juda, qui ne s’était pas soumis à mon joug, je l’enfermai dans Jérusalem comme un oiseau en cage : j’érigeai contre lui des fortifications” (5).

Assur, capitale de l’empire néo-assyrien depuis le VIIIe siècle, va s’appeler Ninive. Située sur la rive Est du Tigre, la ville s’entoure de remparts de briques sur une longueur de 12 km, aujourd'hui en ruines et enfouies sous les nouvelles banlieues de Mossoul, en Irak C’est la que, l’empereur Assurbanipal, ayant étendu sa domination sur l’Égypte, voulut rassembler toutes connaissances de son temps, faisant venir de nombreuses tablettes de Babylonie pour enrichir sa bibliothèque dotée de mille cinq cents tablettes (6).  C’est là qu’était conservé L’Épopée de Gilgamesh et d’intéressants travaux en astronomie, en médecine, en mathématiques.

Si puissant qu’il ait été il n’a pas fallu vingt ans pour voir s’effacer l’empire assyrien. Les guerres civiles successives, la révolte babylonienne, l’intervention des Mèdes et des Babyloniens qui s’emparèrent de Ninive en 612 ruinèrent l’Assyrie. Mèdes et Babyloniens se partagèrent les dépouilles de cet empire qui avait unifié une part importante du Proche-Orient.

 

Gérard LEROY, le 18 octobre 2011
 

  1. David battit Hadadezer, fils de Rehob, roi de Coba, lorsque celui-ci alla pour étendre son pouvoir sur le Fleuve (...)” cf. 2 Sam 8, 3
  2.  Les Araméens de Damas vinrent au secours de Hadadezer mais David abattit vingt deux mille hommes parmi les Araméens.” cf. 2 Sam 8, 5
  3. cf. 2 R 9-10
  4. que relate le second Livre des Rois au chapitre 15
  5. Annales de Sennacherib
  6. Les restes sont conservés au British Muséum