Pour Maryline Lugosi, en hommage amical

   Un problème déjà évoqué ici, est crée par l’imagination, qu’on nomme aujourd’hui l’ « imaginaire » (pour faire plus savant), et qui se développe dans toutes les logosphères, twitter, facebook etc. avec des préjugés, des représentations érigées en vérités qu’on assène péremptoirement, sur lesquelles on construit des systèmes plus ou moins rationalisés pour mieux convaincre, en leur donnant pour ce faire une couverture intellectuelle.

C’est ainsi qu’est apparue une maladie redoutable du christianisme. Le christianisme a transformé le « Dieu amour » en un Dieu qui prescrit la souffrance, un père fouettard qui pervertit les relations qu’il a avec l’homme. Cette doctrine a fait des ravages, elle a été source du rejet de la foi en distrayant de l’Évangile fondateur. Le processus de cette perversion n’est pas une exclusivité chrétienne. Ce processus hante la politique et la pensée. Il est au cœur du malheur de notre société.

Parce que je suis né pendant la guerre, je peux témoigner de la nécessaire distinction sociologique entre la catholicité des années 40-50 et celle d’aujourd’hui, marquée par un enfermement psychologique et spirituel de beaucoup de catholiques qui éprouvent le syndrome de Stockholm devant un Dieu qu’il perçoivent non seulement comme quelqu’un qui n’aime pas, mais qui culpabilise, persécute, domine. Le « Dieu pervers » (titre du best seller de Maurice Bellet, photo ci-contre) est apparu comme la figure écrasante de notre société occidentale qui, légitimement, et je cours avec eux, le fuit. Tout cela est parti, et se maintient, dans un système doctrinal, autoritaire, magistériel et disciplinaire (cf. ma lettre ouverte au Cardinal Sarah, évêque de Conakry à laquelle je vous renvoie sur ce site). Ce système véhicule une morale imposée, comme hantée de la nostalgie de la perfection attribuée à la vie consacrée (on en est loin), associée à la culpabilisation de la sexualité dont on s’efforce d’oublier qu’elle est un don de Dieu à sa créature.

Le christianisme s’use, dans l’impuissance grandissante d’un témoignage de foi. 

Si le « Dieu amour » est converti en « Dieu pervers », il est possible alors que ce « Dieu monstre » apparaisse comme la dé-figuration, la dénaturation de l’amour. En parvenant à s’arracher à cette horrible perversion, on s’offre à voir apparaître dans une clarté et une fulgurance toute neuves, la vérité de l’amour. 

 

Gérard LEROY, le 26 juillet 2019