Pour ma filleule, Audrey Gonçalves, que j'embrasse

   Le cadre
La maison, d’ordinaire, est en briques, crues ou cuites. Les maisons modestes n’ont qu’une pièce centrale, entourée d’annexes où sont conservés le blé et les jarres. Les gens aisés jouissent d’une cour entourée de chambres, à la manière d’un riad. Dans la cour la citerne sert aux ablutions rituelles. L’intérieur reste assez obscur car il y a très peu de fenêtres, d’où l’usage courant des chandeliers; la lampe à huile est allumée en permanence.

Le toit de la maison, de branchages et de terre glaise, sert de terrasse. On y dort, on s’y retrouve pour causer, ou pour prier. Le sol de la maison est d’ordinaire en terre battue. Au fronton de la porte, en bois, pend la mezouza, un tube contenant un parchemin sur lequel était écrit le texte du Dt 6, 4-9 (le fameux “Shema Israël”).

Le mobilier est rudimentaire : une table assortie de chaises ou de divans, sur lesquels on s’étend pour manger; des lits ou des tapis recouverts de coussins et des armoires complètent l’ameublement. Dans la cuisine, les ustensiles en terre cuite ou en cuivre entourent le four à pain et un fourneau à deux foyers.

L’habillement
Le vêtement, au temps de Jésus, est en laine, ou bien en lin, ou en coton, de couleur naturelle ou teint. On aime porter la tunique, retenue par une ceinture, et se coiffer d’une étoffe enserrant la tête et retombant sur les épaules, ou bien enroulée à la façon d’un turban. Les chaussures sont en cuir, et retirées avant l’entrée dans le sanctuaire ou la maison.

L’Hygiène est rudimentaire. On se lave à la source; celles-ci sont cependant nombreuses, ainsi que les piscines dans les villes. Les bains et les ablutions rituelles sont pratiqués partout en Orient. La mentalité hérite encore des Perses qui avaient attribué aux eaux une vertu curative et anti-démoniaque. On se purifie donc avant d’entrer en relation avec le sacré, au Temple, ou à la synagogue.

L’alimentation est riche et variée. On aime les laitages, les produits de la pêche. Le pain est fabriqué avec de la farine d’orge et du levain pour faire monter la pâte. Cuit sur une plaque de four on lui donne une forme ronde. Il n’est jamais coupé mais toujours rompu, en signe de partage et de communion des convives.

La viande, rôtie, surtout l’agneau, est réservée aux fêtes, tout comme le vin, qui doit être filtré et coupé d’eau avant d’être bu. La cuisson des plats est à base d’huile.

Au temps de Jésus de nombreux aliments sont interdits. Ainsi le porc, le chameau, les coquillages, les insectes à l’exception des sauterelles. Toute viande provenant d’un animal non égorgé, non saigné, ou immolé en signe d'offrande aux idoles est interdite, car elle rend impur celui qui en consomme.

En vue du mariage la femme est recherchée dans la proche parenté, sans aller jusqu’à l’inceste (cf Gn 24, Lv 18, 6 etc.). Les rabbins fixent l’âge minimum du mariage à douze ans pour les filles et à treize pour les garçons.

Les parents négocient le mariage, qui est affaire civile uniquement. On le célèbre de préférence après les récoltes. Les réjouissances durent sept jours.

L’homme est le maître à la maison; sa femme est sa propriété, à l’instar du serviteur ou de l’âne, mais les enfants sont tenus de porter un égal respect à chacun des parents.

En cas de veuvage, la veuve reste avec ses fils dans la famille de son mari. Sans enfants elle peut avoir recours à la pratique du lévirat, qui autorise l’aîné des frères de son mari, à lui susciter une descendance pour perpétuer le nom du défunt.

L’enfant reçoit son nom au huitième jour, puis il est circoncis. À l’âge de cinq ans il se rend à l’école de la synagogue. Tout l’enseignement est puisé dans la Bible, qu’il s’agisse de géographie, de grammaire ou d’histoire. L’enfant apprend aussi l’hébreu biblique, en chantant les versets de l’Écriture. Vers l’âge de dix ans il quitte l’école pour s’initier au métier de son père, qui prend en charge son éducation, lui enseigne les commandements de Yahvé, explique les rites. À treize ans et un jour l’enfant mâle devient “fils du commandement”, c’est-à-dire bar-miçwah (bat-miçwah, chez les filles, à l’âge de douze ans). Dès lors il est tenu d’observer la Loi, les prières, les jeûnes.

Les lecteurs curieux de la vie domestique de cette époque en Palestine trouveront une multitude d'informations sur ce sujet dans l'ouvrage de Jacques Briend et Michel Quesnel, tous deux grands spécialistes des temps bibliques, La Vie quotidienne aux temps bibliques, aux éditions Bayard. On tirera aussi un grand profit des Mélanges offerts au Professeur Charles Perrot, Nourriture et repas dans les milieux juifs et chrétiens de l'antiquité, aux éditions du Cerf, ou des deux tomes de R. de Vaux, toujours enrichissants, Les Institutions de l'Ancien Testament, aux éditions du Cerf.

Gérard LEROY, le 28 décembre 2012